René VIGNAL est né le 12 août 1926 à Béziers. Très tôt il fait preuve d’un physique hors norme qui en fait un enfant ''turbulent'', pour l’amener à l’adolescence d’abord à pratiquer la boxe, puis la gym, pour naturellement ensuite passer au rugby dont il gardera une qualité de dégagement -en demi volée ou drop- exceptionnelle, tant en longueur qu’en précision.

Et puis ça sera le foot, comme avant centre, puis comme gardien de but pour remplacer au pied levé le titulaire -un certain SERANO- qui venait de connaître quelques démêlés avec la police pour un vol de bois !!! Il venait de trouver sa voie : le premier match fut tellement concluant qu’il ne sortit plus jamais de ses buts. Nous étions en 1942.

 

 

 

 

Dès le début, ses qualités athlétiques lui permirent d’allier le spectaculaire à l’efficace, et déjà il allait en payer le prix fort, puisque suite à une sortie ''dans les pieds'' et un choc avec l’attaquant adverse –Ben Ali de Bordeaux-, il restera aveugle pendant 21 jours. Les médecins diagnostiquèrent un décollement de la rétine et une fracture du rocher. Ces exploits allaient néanmoins lui permettre de se faire remarquer très tôt, notamment dans la ''Coupe de la Libération'' en 1944. Sa carrière était lancée. Béziers, Toulouse, équipe de France militaire, la grande équipe du Racing et pour finir bien sûr, l’équipe nationale.

 

 

 L'arrivée du ''jeune'' René VIGNAL au Racing : 1947

 

 

René VIGNAL mesurait 1m76 pour 78 kilos, ce qui aujourd'hui, ferait de lui le plus petit gardien de 1ère division, l’égal de Jérémy JANOT. Et pourtant….

René VIGNAL possédait une telle puissance dans les cuisses que, sur une détente verticale, il pouvait passer la tête au-dessus de la barre transversale. En hauteur, pour s’être entraîné juste une fois avec des athlètes du Racing, il sauta 1m85….juste une fois, pour voir !!! Pensez-vous qu’Hugo LLORIS saute 1m95 en hauteur ?

Sur 60 mètres il faisait partie des meilleurs du club d’athlétisme !!!! Il suffit de voir la rapidité de ses démarrages à l’occasion de ses sorties dans les pieds.

Lorsqu’il était au milieu de ses buts, sur sa ligne, il était capable en plongeant, de toucher un poteau vertical d'une main avant de retomber au sol.

 

 

La poignée de main avec le Président de la République Vincent AURIOL. Finale de la Coupe 1949.

Ce jour-là, tous les joueurs portaient un brassard noir en souvenir de Mr LEVY, fondateur de l’équipe du Racing, décédé quelques jours auparavant.

 

 

 

''THE FLYING FRENCH MAN''

 

Sa renommée internationale éclata véritablement à l’occasion d’un match avec l’équipe de France contre l’Ecosse le 27 avril 1949, à Glasgow, où devant 120 000 spectateurs et malgré une défaite 2 à 0 –il y arrêta un pénalty-, son jeux spectaculaire souleva les foules et la presse britannique lui donna immédiatement le surnom de ''flying french man''.

A ce propos, le tireur du penalty -un certain YOUNG, géant rouquin arrière latéral droit- qui avait la réputation de taper très très fort, prit René VIGNAL de vitesse ce qui l’empêcha de bloquer le ballon, mais le renvoya d’une ''manchette'', geste qu’il était le seul à faire et restera à tout jamais le seul à réaliser. Le tir fut tellement puissant que la manchette renvoya le ballon dans le rond central !!!!!! Anecdote de René VIGNAL lui-même….confirmé par Max URBINI, journaliste de l’époque.

Quelque temps après, il refait de nouveau un match d’anthologie, contre l’Angleterre à Highbury -stade d'Arsenal- devant 100 000 spectateurs. Score final 2 partout, mais sans une maladresse de son attaquant, l’équipe de France aurait dû s’imposer 3 à 2. René VIGNAL arrêta de nouveau un penalty.

 

 

 

 

 

La tenue ''sobre'' de l'époque...et un vrai physique



 

1 PENALTY ARRÊTE SUR 2

 

 

De toute sa carrière, chaque fois qu’un joueur lui a tiré un penalty en match officiel, René VIGNAL est toujours parti du bon côté !!!!! …c’est aussi pour cette raison qu’il a arrêté 1 penalty sur 2. Statistique incroyable.

Savez-vous pourquoi il partait toujours du bon côté sur les penalties ??? Parce qu’il avait une telle détente, qu’il était capable d’attendre que l’attaquant effectue son tir pour s’élancer !!!

Quel gardien peut s’en vanter de nos jours ? C’est vrai que de plonger avant que l’attaquant tire ne facilite pas les choses.

 

René VIGNAL n’a jamais encaissé un but entre les jambes.

Quel gardien peut s’en vanter de nos jours ?

 

 

LA CASQUETTE ETAIT REMBOURREE !!!

 

Savez-vous pourquoi sa casquette avait une forme arrondie ???? Parce qu’il y glissait un protège tibia, rembourré de mousse, pour se protéger la tête lors de ses sorties !!!

A ce propos, le président du Racing, monsieur DEHAYE, avait l’habitude de dire que René VIGNAL osait mettre la tête là où certains ne mettraient même pas les pieds !!!!

 

Il faut plonger haut, loin et souvent dans les pieds pour se faire 19 fractures…..

 

Savez-vous que, lorsqu’un club étranger sollicitait la venue du Racing pour un match amical, par contrat il demandait la présence de René VIGNAL, sinon la somme proposée était 30 à 40% inférieure ?

 

 

Savez-vous que la ''double détente'', ça existe –n’en déplaise à certains entraîneurs dont monsieur Guy ROUX-, c'est-à-dire cette capacité une fois en l’air à remettre ''un coup de rein'' pour allez encore plus loin et plus haut ? Mais ça, René VIGNAL vous l’expliquerait mieux que moi. C’est le privilège des très grands !!!

Savez-vous que 2~3 minutes avant le coup d’envoi il effectuait déjà des ''cabrioles'' dans ses buts pour ''chauffer'' le public et que bon nombre de ce public ne venait au stade que pour voir ses exploits ?...et il y aurait tellement plus à vous raconter.

 

Savez-vous qu’à l’occasion d’un déplacement de l’équipe de France en Suède à Stockholm, René VIGNAL impressionna les journalistes locaux présents à l’entraînement par ses arrêts, mais les surpris aussi. En effet, l’équipe de France avait été partagée en 2 (les titulaires d’un côté et les remplaçants de l’autre dont VIGNAL relevant de blessure faisait partie), et voyant les ''parades'' de VIGNAL, tous les journalistes se mirent derrière ses buts pour le photographier étant persuadé qu’ils avaient affaire au titulaire…. vu ses performances en comparaison de l’autre gardien, il ne pouvait en être autrement !!!

Apprenant que VIGNAL ne serait que remplaçant, les journalistes partirent rassurés. Et ils eurent raison. La France perdit le match le lendemain.

 

 

LES FAMEUX DEGAGEMENTS EN ''DROP''

 

 

Au final, René VIGNAL possédait des qualités athlétiques hors normes qui lui permirent d’avoir cette fameuse détente exceptionnelle, des démarrages de sprinter, un coup d’œil (appris lorsqu’il jouait attaquant) lui permettant une excellente lecture du jeu et donc de ''partir'' très tôt, sans oublier les dégagements –en drop ou demi-volée- à la fois très puissants -60 à 70 mètres-, précis et avec les 2 pieds. Le président du Club monsieur DEHAYE, encore lui, aimait dire que René VIGNAL était capable sur un dégagement, d'envoyer le ballon directement dans la poche de son attaquant.

C’est pour cette raison qu’il avait sans conteste un talent exceptionnel et unique, jamais égalé depuis.

Il remplissait les stades grâce à ses cabrioles, il effaçait les buts avec ses ''manchettes'' et ses sorties dans les pieds soulevaient les foules.

 

Voilà comment on rentre dans la légende. Voilà comment on devient une légende.

 

 

 

Quelle belle couverture….qui plus est, dédicacée  !!!

 

 

Quelle position !!!

 

 

Toujours ‘‘haut’’ dans les airs

 

 

Parfaitement à l’horizontal, non ?

 

 

Tout est dit !!!

 

 

Cabri, chat, oiseau, tigre…..

 

 

Une vraie ‘‘parade’’

 

 

Des positions incroyables qui le faisaient ressembler parfois à un pantin désarticulé

 

 

Quel ''vol plané'' et quelle qualité de prise de balle !!!


 

La phase de décollage....

 

 

.....et l'évolution.....

 

 

 

....dans  les airs !!!

 

 

 

Un style unique et inimitable.

 

 

Toujours essayer de bloquer le ballon : et toujours cette qualité de prise de balle !!!

 

 

Des crampons en cuir et un gros pull pour des atterrissages pas toujours en douceur...19 fractures.

 

 

Position incroyable pour un arrêt incroyable sur sa ligne.

 

 

Lorsque j’ai trouvé cette photo, j’ai d’abord cru à une ''photo montage'' tant la position était trop ''parfaitement'' à l'horizontale. Lorsque j’ai rencontré René VIGNAL je lui ai demandé qu’il m’en raconte l’histoire. Il m’a expliqué que cette photo avait été prise durant un entraînement au stade de Colombes pour faire des essais en vue d’un film. Ce film c’était ‘’Les dieux du dimanche’’ de René LUCOT. Le film racontait l’histoire d’un gardien de but joué par Marc CASSO, et René VIGNAL devait le doubler sur toutes les scènes d’action. A ce propos, pour toutes les images de ''vrais'' matches, c’est René VIGNAL qui joue.

J’ai essayé de prendre contact avec René LUCOT pour récupérer d’autres photos prises ce jour-là et recueillir son témoignage. Malheureusement celui-ci est décédé, mais j’ai pu toutefois retrouver Aliette LUCOT, la fille de René qui, détail incroyable, était présente avec son père le jour des photos. Elle a ainsi pu me raconter que toutes les personnes qui avaient assisté à cette séance, acteurs, techniciens, avaient été complètement impressionnées par la démonstration de VIGNAL!!!

 

 

VIGNAL plonge sur un tir, malheureusement celui-ci est détourné par un de ses défenseurs….en l’air il se met sur le dos pour détourner en corner le ballon du pied !!!....récit de l’intéressé lui-même.

 

 

Encore un ballon détourné par son défenseur, et VIGNAL jamais pris de court.

 

 

L’envolée à la ''VIGNAL'' devant son défenseur LAMY / Stade de Sochaux

 

 

 

Toujours haut dans les airs avec une prise de balle exceptionnelle –stade de Colombes-. En fond, GABET, défenseur du Racing.

 

 

Toutes les positions étaient bonnes pour détourner le ballon…plus dure sera la chute. Photo prise au Parc des Princes (ancienne version avec sa piste cyclable).

 

 

Ne jamais regarder le ballon rentrer dans ses filets en restant très ''solide'' sur ses appuis : toujours tout tenter !!!


 ...''une de ses attitudes favorites''...

 

 

Finale de la coupe de France 1949 / Plongeon de VIGNAL sur un coup franc victorieux de VANDOOREN

 

 

Le même plongeon pris sous un autre angle.

 

 

Un arrêt de ''tout repos''.

 

 

...mais combien de temps son épaule tiendra-t-elle encore ?


 

Lille / Racing (score 2-3) – 7 novembre 1949

 

 

Ecosse / France (2-0) – 27 avril 1949. 120 000 personnes dans le stade de Glasgow. Un match de légende pour VIGNAL. Sur cette photo, il vient de détourner un tir écossais qui sortira en corner. Souvenir encore tout frais de René VIGNAL !!!

 

 

France / Portugal (score 3-0) / 20 avril 1952. Il ''régnait'' dans ses 18 mètres….sans la moindre hésitation !!!

 

 

Une des rares photos de la célèbre ''manchette'' à la VIGNAL. Pour se geste, il s’était inspiré de VASCASELLOS, gardien espagnol du FC Barcelone.

 

 

La même manchette mais en match : sur une frappe puissante et un poignet fragile qui relève de blessure.

 

L'homme de la dernière seconde !!!

 

 

La même photo prise sous un autre angle.

 

 

Encore un sauvetage sur le fil.

 

 

 Chacune de ses interventions faisait preuve d'autorité. En fond, DELGADO, arrière au RACING.

 

 

Le ballon -bien- bloqué dans les bras, l'oeil est déjà à la relance.

 

 

Pour une fois il n’y aura pas de ‘‘parade’’….mais le coup d’œil y était, et le tigre était prêt à bondir !!!

 

 

Quelle horizontale !!!

 

 

Un arrêt ''classique'' pour René VIGNAL. Pour nos journalistes actuels et avec nos gardiens actuels, on imagine facilement les commentaires : ''parade exceptionnelle dans la lucarne !!!!''

 

 

VIGNAL à l'entraînement. Toulouse, septembre 1944

 

 

France / Suisse – 11 novembre 1953. Quelle carrure !!!


 

René VIGNAL et REMETTER, son remplaçant en équipe de France


 

La poignée de mains d’avant match avec BARATTE (Lille).


 

Julien DARUI -à droite- avait repéré très tôt René VIGNAL. Il avait prédit qu'il serait son successeur en équipe de FRANCE. Il ne s'était pas trompé.

Pour René VIGNAL, Julien DARUI a toujours été une référence.

 

 

 

Voici pour finir, les 3 seules vidéos d'époque où l'on voit jouer René VIGNAL.

Je vous invite donc à voir le penalty renvoyé contre l’Irlande en 1954 –match qualificatif pour la coupe du monde-…et la vivacité de la sortie dans les pieds de l’attaquant qui s’en suivit :

 

 

http://www.ina.fr/sport/football/video/AFE85005277/eliminatoires-de-la-coupe-du-monde-de-football-1954-irlande-france.fr.html

 

 

Le ''fameux'' Angleterre / France du 8 octobre 1951, que les tricolores auraient dû remporter. A voir encore les quelques sorties dans les pieds ''maison'':

 

 

http://www.britishpathe.com/video/france-nearly-beat-england/query/rene+vignal

 

 

Racing / Arsenal (17 novembre 1947). A noter qu’au moment où le Racing encaisse le but, VIGNAL n’est plus le gardien : il a dû quitter le terrain sur blessure. Une sortie dans les pieds de l’attaquant d’Arsenal -Roonie ROOKE- lui a en effet ouvert le cuir chevelu :

 

 

http://www.britishpathe.com/video/arsenals-first-defeat/query/rene+vignal